Piscines privées : un marché qui reste dynamique après une année difficile
Après plusieurs années de croissance record, le marché des piscines privées a enregistré un net ralentissement cette année, en raison de la perte de pouvoir d’achat des ménages et des mesures de restriction d’eau liées à la sécheresse. Mais les professionnels demeurent confiants pour l’avenir.
« Nous restons positifs » car « les chiffres sont positifs », a déclaré Stéphane Figueroa, président de la Fédération des professionnels de la piscine et du spa (FPP), lors de la présentation de l’actualité du secteur à la presse, le 21 novembre dernier, à Paris. « C’est un marché qui reste porteur malgré les difficultés que nous avons ressenties cette année. Après des années de croissance record, il ne fallait pas penser que l’on allait encore continuer à croître » au même rythme. En cause, selon lui : « une perte de pouvoir d’achat importante et un été sous tension, en raison de la situation de sécheresse inédite, qui a eu un fort impact médiatique et négatif pour notre profession ».
« On nous a vraiment stigmatisés »
En raison de « l’alerte sécheresse », des arrêtés préfectoraux ont instauré des restrictions d’eau dès le mois de juin, dans un grand nombre de départements. Ces restrictions concernaient, notamment, l’irrigation des champs, des potagers, des terrains de sport, ainsi que les douches de plage et le remplissage des piscines. « On ne parlait que des piscines et on nous a vraiment stigmatisés », a poursuivi le président de la FFP. « On ne s’y attendait pas et on n’a pas compris pourquoi, parce que nous travaillons depuis des années pour montrer que la piscine est peu consommatrice en eau.»
Dans le département des Pyrénées-Orientales, par exemple, « cela a été très difficile parce qu’on nous a dit, du jour au lendemain, que l’on ne pouvait plus remplir les piscines, ni faire les appoints d’eau, ni vendre de piscines hors-sol », et ce, en pleine saison « alors que les carnets de commande étaient pleins ». Dans ce département, le chiffre d’affaires a enregistré, cette année, une baisse de 20 à 30%, en termes de construction de piscines et de vente de consommables liés. « 76 chantiers de piscines ont été annulés et 92 reportés, et on a procédé à plus de 30 licenciements, dès septembre. »
Autres conséquences de ces restrictions en période de très fortes chaleurs : « il y a eu une prolifération de moustiques, parce que les bassins étaient bas et ne tournaient plus » et « les systèmes de sécurité ne pouvaient pas marcher puisque les alarmes ne trempaient plus dans l’eau ».
Un marché qui reste dynamique
Les derniers chiffres du marché français des piscines font état d’une baisse du chiffre d’affaires de l’ordre de 15% en 2023 par rapport à 2022. « C’est un marché qui reste donc dynamique malgré un contexte conjoncturel compliqué, après six années de hausse ininterrompue et de hausse record », a rappelé Laurent Montserrat, administrateur de la FFP. De fait, le marché se maintient malgré tout puisque le chiffre d’affaires 2023 est en hausse de 8,6% par rapport à 2019. Aujourd’hui, 23% des Français possèdent une piscine.
Autre motif de satisfaction pour les professionnels : les résultats d’une récente enquête commandée à l’institut d’études CSA montrent que « parmi les 30% des Français qui ont un terrain piscinable, quatre sur 10 souhaitent pouvoir construire une piscine », a-t-il poursuivi. « On voit que la demande est encore très forte » et que « l’envie de piscine est plus forte que la menace de restriction d’eau », malgré « tous les effets conjoncturels inflationnistes, la sécheresse et la couverture médiatique négative ».
Des outils pour mieux évaluer la consommation d’eau
Pour mieux répondre aux enjeux environnementaux, la Fédération continue de travailler sur l’optimisation de l’usage de l’eau et de l’énergie dans les piscines privées. « Nous y travaillons depuis très longtemps et nous avons déjà mis en place un calculateur de l’impact carbone des piscines », a précisé la déléguée générale de la FFP, Joëlle Pulinx.
Dernièrement, la Fédération a lancé un calculateur des usages de l’eau par les piscines, qui prend en compte une quinzaine de critères tels que la taille du bassin, l’implantation géographique (pluviométrie, taux d’évaporation…) et les usages (nombre de jours de baignade, nombre de baigneurs…). En cours de finalisation, cet outil va être soumis à la validation par un bureau d’études indépendant. Il est prévu qu’il soit mis à disposition du grand public dans une version simplifiée, pour faire des autodiagnostics. Premier enseignement de ce nouveau calculateur : une piscine de taille moyenne (soit 4 mètres sur 8) utilise en moyenne moins de 7 m3 d’eau par an, dès lors qu’il n’y a pas d’abaissement de la ligne d’eau en hiver et en présence d’une couverture du bassin. Une consommation moyenne d’eau qui varie selon la zone géographique : elle s’établit, par exemple, à 1,26 m3/an à Bordeaux, 3,40 m3/an à Toulouse et 7,39 m3/an à Aix-en-Provence. « Ce que l’on ne sait pas assez c’est qu’une piscine recycle l’eau pendant des années et qu’il n’y a pas besoin de la vider l’hiver », a souligné Joëlle Pulinx. Avant de rappeler que la consommation d’eau des 3,4 millions de piscines privées en France représente 0,06% de l’utilisation de l’eau à l’échelle nationale, et qu’une famille française consomme en moyenne 130 m3 d’eau par an – à comparer aux 7 m3 destinés à la piscine.
Piscines basse consommation : nouvelles pratiques
L’impact de la couverture ou d’un abri de piscine est très important en termes environnemental. « Cela réduit l’évaporation de 50 à 95 % », a expliqué Bruno Godinou, administrateur de la FFP, or, « aujourd’hui, 88% du parc dispose d’une couverture ». Autre dispositif vertueux : « les systèmes de récupération de l’eau de pluie pour alimenter les bassins ». En parallèle, « la filtration contribue à 80% à la qualité de l’eau » et « des systèmes automatisés permettent d’optimiser le traitement de l’eau, ce qui contribue à sa conservation pendant des années ».
Pour 2024, la Fédération prépare une grande campagne d’information pour sensibiliser aux « bons gestes » pour limiter la consommation d’eau : remplir la piscine une fois pour toute et ne pas la vider, y compris l’hiver ; utiliser une couverture ou un abri de piscine et la couvrir dès qu’elle n’est pas utilisée ; maintenir une bonne qualité de l’eau pour limiter les lavages de filtre. La Fédération a également lancé, cette année, une charte d’engagement des professionnels de la piscine dédiée aux économies d’eau et destinée à ses 1 500 adhérents pour qu’ils diffusent « les bons gestes » auprès de leurs clients. « En tant que professionnels, nous allons continuer à travailler sur les piscines basse consommation », a déclaré le président de la FPP, Stéphane Figueroa.