Ressources Humaines

Recrutements : les PME et les grandes entreprises toujours en pleine tourmente

Les difficultés de recrutement restent à un niveau élevé, supérieur à ceux observés avant la crise sanitaire, contraignant les entreprises à des ajustements. C’est ce que met en avant l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) dans son baromètre 2024 sur les pratiques de recrutement de cadres.

(c)Adobestock
(c)Adobestock

Pas moins de 60% des entreprises ayant recruté au moins un cadre en 2023 ont rencontré des difficultés de recrutement, alors qu’elles n’étaient qu’à peine une sur deux dans ce cas en 2019. Le délai moyen de recrutement ? 12 semaines, allant même jusqu’à 15 semaines dans l’industrie alors que les besoins en compétences cadres se sont particulièrement renforcés en 2023 (+15%), selon les prévisions Apec 2024.

De fait, la part d’entreprises dans ce secteur qui considèrent qu’une partie au moins de leurs recrutements de cadres ont été difficiles s’est accrue par rapport à 2022 (+6 pts), pour atteindre 65 %. C’est ce qui ressort d’une étude récente de l’Apec*. Ces difficultés concernent aussi bien les PME que les grandes entreprises, puisque 18 % des PME et 20 % des grandes entreprises ont mis plus de 16 semaines pour faire aboutir le dernier recrutement de cadre l’an dernier.

Manque de candidatures

Les principales sources de difficulté ? L’insuffisance de candidatures pour les PME (79 %), comme pour les grandes entreprises (81 %). Sont également déplorés le décalage entre les candidatures reçues et les profils recherchés, ainsi que la concurrence entre employeurs sur les mêmes profils. Les PME font part de leur plus grande difficulté à trouver les compétences recherchées, que ce soit à cause d’un problème d’identification des candidats les possédant, ou du décalage entre les candidatures reçues et les profils souhaités. Résultat, les entreprises continuent de consentir à des ajustements, selon le Baromètre Apec du 1er trimestre 2024, que ce soit en termes de rémunération proposée, souvent revue à la hausse, ou d’assouplissement des critères de sélection sur le profil des candidats. Nombre d’entre elles ont ainsi au moins une fois recruté un cadre moins expérimenté ou plus expérimenté que ce qui était recherché ou n’ayant pas le type ou le niveau de diplôme recherché initialement.

Sourcing pro-actif

Pour recruter, les entreprises maintiennent leurs stratégies de sourcing proactives et passent par la diffusion d’une offre d’emploi. 86 % des entreprises y ont eu ainsi recours pour au moins un de leurs recrutements de cadres. A noter que pour faire connaître leurs offres d’emploi et augmenter leur visibilité, elles multiplient les canaux de diffusion (73 %, +13 pts vs 2019), à savoir site Internet de l’entreprise, sites d’emploi en ligne, réseaux sociaux... Autre ressource, la sollicitation du réseau de contacts personnels ou professionnels, pour 76 % des entreprises, un canal particulièrement apprécié des PME, 64 % d’entre-elles l’ayant utilisé pour tous leurs recrutements de cadres (contre 48 % des grandes entreprises). Ou encore le recours aux réseaux sociaux pour 74% des entreprises, devenu un outil indispensable à la fois pour les PME (72 %) et pour les grandes entreprises (85 %) pour diffuser leurs offres d’emploi ou approcher directement des candidats.

Même si une part croissante ont opté pour l’approche directe des candidats en dehors des réseaux sociaux (47 %, +3 pts), notamment les petites entreprises de 10 à 49 salariés (51 %, +8 pts). In fine, les deux canaux qui leur ont le plus souvent permis de finaliser leurs recrutements de cadres au cours de l’année 2023 sont la publication d’une offre d’emploi et la mobilisation du réseau de contacts, pour 80 % d’entre elles. Dernière ressource, partagée par la moitié des entreprises en 2023, le recours à un intermédiaire de recrutement pour au moins une embauche de cadre.

Présélection téléphonique

Dans les processus de recrutement, la lettre de motivation est progressivement remplacée par la présélection téléphonique. En 2023, seule une entreprise sur deux a demandé au moins une fois dans l’année une lettre de motivation aux candidats (50 %, -6 pts vs 2022, -17 pts vs 2021). Un mouvement de recul qui se poursuit surtout dans les PME, déjà moins demandeuses d’une lettre de motivation. En cause ? La moitié des employeurs jugent l’exercice inutile, estimant plus intéressant de laisser les candidats se présenter « en direct » durant un entretien, et la volonté de faciliter l’acte de candidature, notamment dans les grandes entreprises.

À l’inverse, l’entretien de présélection téléphonique s’impose de plus en plus (71 %, +4 pts vs 2022, +13 pts vs 2019). Cet entretien de préqualification, sorte de dialogue informel, permet aux recruteurs d’interroger les candidats sur leurs compétences clés et tenter de vérifier leurs motivations, leur disponibilité, et souvent leurs attentes salariales, afin de s’assurer de la concordance avec le salaire qu’ils peuvent offrir pour le poste.

* Enquête téléphonique réalisée du 12 janvier au 13 février 2024, auprès de 1 150 entreprises de 10 salariés et plus du secteur privé ayant recruté au moins un cadre au cours de l’année 2023