Vers une digitalisation accrue des formations
Avec la généralisation du travail à distance, les formations 100% distancielles ont le vent en poupe. Une des entreprises du secteur, Unow, a mené son enquête pour montrer l’impact durable de la crise sur les plans de formations et les compétences priorisées par les entreprises.
« Le secteur de la formation fait un rattrapage fort au niveau de sa transformation digitale », amorce Yannick Petit, CEO de Unow, organisme spécialiste de la formation à distance, créé en 2013. Avec l’essor du télétravail, « le digital devient le nouveau standard de la formation alors qu’il a été, pendant plusieurs années, un challenger de la manière de former ».
Ainsi, si seules 6% des formations se passaient totalement à distance en 2018, en 2020, pour 93% des répondants à l’enquête, il est stratégique d’intégrer des formations 100% distancielles dans leur plan de développement des compétences. « Un chiffre qui illustre une accélération très profonde sur le rapport au digital. La tendance est encore en train de s’accélérer, car les contraintes qui pèsent sur une formation en présentiel sont très fortes au vu des conditions sanitaires, aujourd’hui », commente Yannick Petit. C’est ce que révèle l’étude Unow menée auprès de 600 fonctions RH de grandes entreprises en juin et juillet dernier*. Selon Satya Nadella, CEO de Microsoft, le confinement a fait gagner deux ans de transformation digitale aux entreprises. L’impact est tout aussi fort pour les entreprises françaises : 91% des sondés estiment que le confinement aura un impact durable sur la digitalisation de la formation dans leur entreprise.
Les quatre enjeux prioritaires de la formation à distance
Les motivations d’une formation à distance ? Elles sont nombreuses, à commencer par la flexibilité qu’elle offre, soit le fait de pouvoir se former à son rythme pour près de trois quarts des répondants. « Les entreprises veulent gommer les contraintes géographiques et les contraintes temporelles pour leurs collaborateurs », explique Yannick Petit. Autre enjeu, pour 59% des répondants, aider à la transformation digitale de l’entreprise. « Implanter des formations à distance permet d’acculturer les collaborateurs à des outils, comme la visioconférence, les chats ou les plateformes en ligne et à des pratiques nouvelles de collaboration », développe le responsable.
Vient ensuite la problématique du prix, 53% estimant que former à distance permet de réduire les coûts. Une question importante au moment de la crise économique où les budgets vont être challengés. « Chaque euro dépensé sera fortement réfléchi et étudié », motive le CEO. Enfin, 43% mettent en avant l’optimisation de l’efficacité des formations, soit la capacité à évaluer le retour sur investissement, notamment en mesurant objectivement la montée en compétences des collaborateurs entre avant la formation et après. « L’efficacité de la formation ne remonte pas encore parmi les principaux enjeux perçus par les responsables formation. C’est pourtant l’un des besoins prioritaires des fonctions RH. Or, le digital permet à la fois de renforcer cette efficacité et d’évaluer objectivement l’impact de la formation », commente Yannick Petit.
Des formations mêlant présentiel et distanciel
Pour près de trois quarts des répondants, la modalité dominante des formations sera désormais le blended learning ou formation mixte, qui articule présentiel et distanciel, au sein d’un même parcours pédagogique. Parmi les dispositifs les plus représentés dans le digital figurent les modules e-learning qui allient vidéos et quizz pour permettre d’acquérir et de consolider des connaissances. L’inconvénient est le faible taux de complétion – 10% de celles-ci-, seulement 10% des personnes qui commencent ces modules les suivent jusqu’au bout. Viennent ensuite les classes virtuelles. Pierre Monclos, expert en formation digitale et DRH de Unow, met en avant un écueil récurrent de celles-ci : « Ce sont des formats souvent descendants alors qu’ils gagnent à être participatifs et collaboratifs pour être plus efficaces ». Suivent les SPOC – ces formations digitales et tutorées qui reposent sur un accompagnement individuel, de l’apprentissage en groupe et de l’apprentissage par la pratique –, et, dans une moindre mesure, la réalité virtuelle et les serious games.
Les priorités en termes de compétences
Parmi les compétences prioritaires sur lesquelles les entreprises vont investir : le management à distance, cité par 65% des répondants – motiver des équipes, fixer efficacement des objectifs, recadrer un collaborateur… « Beaucoup de managers se sont retrouvés désemparés face au manque de formation en amont », révèle Yannick Petit.
Autre compétence largement plébiscitée, à 64% : télétravailler efficacement. Dans les compétences clés figurent ainsi l’animation de réunions à distance, le développement du leadership et de l’influence à distance, l’apprentissage et la communication à l’oral et à l’écrit à distance.
Au-delà de ces deux compétences nouvelles, d’autres, incontournables, au service de l’efficacité professionnelle, se trouvent toujours en bonne place, notamment la gestion du temps et des priorités, la gestion du stress et du bien-être professionnel, l’intelligence émotionnelle, la gestion de projet et la gestion de projet agile. « Dans cette période tendue et de changements, les entreprises misent désormais sur les compétences transversales de leurs équipes, tant pour développer leur efficacité professionnelle que pour renforcer leur adaptabilité aux changements », commente Pierre Monclos.
Enfin, trois compétences, qui étaient jusqu’alors peu représentées dans les plans de développement dédiés deviennent désormais indispensables. C’est la résolution de problèmes complexes, l’argumentation pour convaincre et la créativité. « Cette période de confinement et de craintes diverses pour l’avenir a révélé un grand besoin de se renforcer sur des compétences ‘humaines’ et non automatisables à l’ère des nouvelles technologies qui automatisent de plus en plus de tâches et de processus », conclut le DRH.
*Enquête nationale Unow L’impact des crises de 2020 sur les compétences et les stratégies de formation des entreprises, menée en juin et juillet 2020 via Internet, auprès de 600 fonctions RH et formation d’entreprises de plus de 250 salariés en France.